Ce billet est la suite de Trek dans le temps à Dana en Jordanie et relate la deuxième partie de cette aventure qui nous mène du nord au sud du Royaume hachémite de Jordanie… à pied !

 

Trek à Pétra

Nous avons tout juste le temps de se souhaiter Joyeux Noël que nous reprenons la route. Prochain arrêt : Pétra, cité antique nichée à mi-chemin entre la mer Morte et la mer Rouge. Il y a plus de 2 200 ans, les Nabatéens s’y installèrent et sculptèrent à même les montagnes de grès rouge ce qui allait devenir l’une des Sept nouvelles merveilles du monde. Avant de débuter notre randonnée, nous étudions attentivement la carte du site. Quel choc ! Pétra est loin de se limiter au Trésor, mis en scène dans le film Indiana Jones et la Dernière Croisade. L’ancienne capitale nabatéenne est tentaculaire : des monuments sont dispersés aux quatre coins du site protégé, qui s’étend sur 260 km². Il faut dire qu’à son apogée, alors qu’elle était un important centre caravanier, Pétra a compté jusqu’à 25 000 habitants. Nous avons du pain sur la planche ! Heureusement qu’au mois de janvier, la température est clémente : le thermomètre oscille entre 10 et 20 degrés, nous permettant ainsi de marcher même lorsque le soleil est à son zénith.  C’est donc davantage par curiosité que Francis achète un keffieh jordanien, traditionnellement porté pour se protéger du soleil et des tempêtes de sable.

bedouins à Petra

 

Kharrubat al-Fajja : «the back route»

Nous entamons notre approche par le nord-ouest, via Kharrubat al-Fajja. Nous marchons déjà depuis quelque temps sans croiser âme qui vive lorsque surgit un vieux Bédouin. En flanc de montagne, il offre le thé aux rares randonneurs qui s’aventurent jusqu’ici. Ce sera notre première rencontre avec les Bédouins de Pétra.

Kharrubat al-Fajja Petra

Photo : Daniel Favre

Après une pause bien méritée, nous regagnons ce sentier méconnu des foules qui nous mène vers Al Deir, un des plus imposants tombeaux du royaume avec ses 50 mètres de hauteur. De là, nous dévalons 800 marches pour atteindre le chemin principal qui traverse le site d’est en ouest, jusqu’au centre des visiteurs. D’une longueur de 4 km, il passe par tous les incontournables : du Deir jusqu’au Siq, en passant par Al-Khazneh. Bien que pratique, ce sentier devient rapidement désagréable lorsqu’il se transforme en autoroute d’ânes et de dromadaires portant des visiteurs. Il nous permet toutefois de jeter un coup d’œil sur l’artisanat «local» grâce aux nombreux kiosques installés çà et là. «No charge for looking», qu’ils disent. Une chance, parce que j’ai vu les mêmes items au Dollarama !

Trek Al Deir Petra

Il s’ensuit alors trois jours d’agréable randonnée sur les sentiers sillonnant cet ancien carrefour caravanier. Ici, les sommets ne manquent pas. Du Haut-lieu du sacrifice, nous constatons l’immensité du site devant les façades sculptées à mêmes le grès rouge des montagnes qui s’élèvent au loin. À 1396 mètres d’altitude, le mont d’Aaron, surmonté d’un mausolée d’une blancheur immaculée, offre quant à lui une vue imprenable sur la vallée de l’Arabah. Ce n’est qu’à la dernière journée du trek que nous prenons un bain de foule (et de dromadaires !), en suivant les traces du célèbre Indiana Jones. Nous empruntons l’entrée principale vers le Siq, une gorge bordée de falaises abruptes, pour nous retrouver face à Al-Khazneh, le fameux trésor qui fait la fierté de la Jordanie.

Voyage à Petra en Jordanie

 

Les Bédouins de Pétra

Jusqu’au milieu des années 80, les Bédouins habitaient Pétra. Sans électricité ni eau courante, ils se débrouillaient en faisant des feux à l’intérieur des monuments et en utilisant les systèmes de récupération des eaux laissés par leurs ancêtres.

Une éviction formulée par le gouvernement dans les années 80 afin de préserver les lieux força ses habitants à migrer vers des villages érigés aux abords du site. Un seul homme n’a pu se résigner à quitter sa maison-grotte. Confortablement installé sur sa terrasse, il nous invite à partager le thé et nous raconte son histoire. Mofleh a voyagé, a été marié à une européenne, s’est vu offrir une maison à Umm Sayhoun, mais refuse de laisser sa grotte aménagée, dont le jardin fleuri offre une vue sublime sur le site. Sans détour, il déclare préférer ses traditions à la modernité des villes avoisinantes, avant de demander un Bic pour fumer son tabac bédouin. Le meilleur sur le marché, selon lui.

Mofleh Petra

 

Une nuit dans une grotte

Inspirés par ces rencontres hors du commun, nous passons la nuit dans un tombeau non loin du mont d’Aaron, qui accueillait, il y a quelques semaines à peine, une famille nomade.  À la lueur de nos lampes frontales, nous y partageons le maglouba, un plat traditionnel de riz et de poulet renversé préparé avec soin par notre guide bédouin, avant de sombrer dans les bras de Morphée sur de petits matelas disposés à même le sol. Bon, d’accord, peut-être que l’expression «sombrer dans les bras de Morphée» est forte, considérant l’écho de cette grotte qui amplifiait les ronflements de nos compagnons de voyage. Disons que la nuit fut courte avec cette fanfare !

Dormir dans une grotte à Petra

En vrais «aventuriers» (guidés), nous quittons la cité en empruntant le Wadi Mataha, une alternative au Siq permettant de traverser les montagnes par le système de canalisation des eaux construit par les Nabatéens. Uniquement praticable en saison sèche et lorsqu’aucune précipitation n’est annoncée, on y accède en longeant la Rue des Façades vers le centre des visiteurs. Après deux heures de marche et de «scrambling» sur ce chemin étroit au relief instable et accidenté causé par les crues, nous débouchons sur l’entrée principale et le chaos de la ville.

Et hop dans le minibus ! Sans plus attendre, le chauffeur met le cap vers le sud pour nous mener à notre prochain défi : le désert du Wadi Rum.

 

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Pour voir toutes les photos de notre trek en Jordanie, c’est ici.

4 commentaires sur «Trek dans le temps à Pétra en Jordanie»


  1. Je découvre vos superbes articles sur la Jordanie.
    J’y étais quelques mois après vous.
    Moi de randonnée pour moi, mais un de mes plus beaux voyages !

  2. […] grès rouge de Jordanie. Je me suis aventurée au-delà des façades en décembre 2013, pendant mon trek en Jordanie. J’ai alors passé 3 jours à arpenter de long en large le site, qui s’étend sur 260 […]

  3. jeka dit :

    Ça vient, ça vient 🙂 Merci pour tes bons commentaires Lise, tu es un rayon de soleil !

  4. lise morin dit :

    c’est vraiment agréable de te lire, on a l’impression de faire ce merveilleux voyage avec vous, on en veut encore…et encore.

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