Ce billet est le récit de notre cinquième journée de randonnée sur le GR20 du Col de Verde à Capannelle. Il est la suite de GR20 de Usciolu au Col de Verde.

Étape 5 : du Col de Verde à Capannelle

Après un réveil brutal hier, c’est maintenant le tour du réveil douloureux. L’humidité règne dans la forêt de pins du Relais San Petru di Verdi et sa majesté s’est royalement invitée sous la tente, sous les vêtements et jusque dans mes articulations. Et moi qui croyais être au paradis ! Je me badigeonne de crème anti-inflammatoire, j’enfile mes genouillères et j’arrête enfin de chialer, au grand bonheur de Francis.

GR20 du Col de Verde à Capanelle

La quête aux bobettes sèches

Dans la hâte d’être enfin au sec (et oui, les vêtements propres sont toujours trempés, il faudra les porter pour mieux les sécher), nous plions bagage et rejoignons l’équipe dans la cuisine. Après avoir savouré un café et fait mes adieux à la vraie toilette et à son papier gratuit, nous nous engageons de nouveau sur le GR20. L’objectif est, pour Francis et moi du moins, d’arriver à Capanelle avant midi et de pousser jusqu’à Vizzavonna si la météo le permet pour doubler ces deux étapes faciles. Mais encore une fois, le ciel s’annonce capricieux. Une variante alpine permet aux randonneurs de s’aventurer vers les pozzines et le Monte Rinosu à 2352 mètres d’altitude, mais nous optons pour le tracé officiel de peur de nous retrouver encore coincés sur les crêtes pendant l’orage. Évidemment, la déception s’empare de moi quand je pense à ces pozzines dont j’ai tant rêvé, mais la raison l’emporte. Il faut savoir accepter les limites que nous impose Dame Nature. C’est parti mon kiki, j’ai hâte que mes bobettes soient sèches !

Étape 5 : Col de Verde – Capannelle

  • Durée : 5 heures
  • Distance : 12,3 km
  • Dénivelé positif : 700 mètres
  • Dénivelé négatif : 400 mètres

Cap sur Capannelle

Comme promis par les randonneurs venus du Nord et les données topographiques, le parcours est facile si ce n’est que la chaleur et le soleil qui tapent rapidement. Une pause crème solaire s’impose à l’ombre des arbres se dressant autour de la première bergerie rencontrée. Nous prolongeons le moment de détente avec un autre petit café sur la terrasse et une rafle de fromages et de saucissons corses. Ce n’est définitivement pas sur le GR20 que nous allons perdre du poids !

Il s’ensuit alors une longue marche sous les arbres à traverser rivières et ruisseaux. Pas de paysages majestueux, seulement beaucoup de végétation et quelques enjambées mémorables pour traverser les cours d’eau. Bizarrement, je sens mes genoux faiblir à chaque passage demandant un tant soit peu d’équilibre, alors que d’ordinaire l’inconfort ne survient que dans les descentes abruptes.  Je continue toutefois ainsi sans trop m’arrêter jusqu’au gîte d’U Fugone à Capannelle, flanqué sur le bord d’une route au pied d’une station de ski. Sans le tonnerre qui gronde déjà au loin, nous nous serions vite engouffrés dans la forêt comme des sauvages à la vue de ce gigantesque bâtiment dénaturant le paysage. Mais bon, ce n’est pas le moment de faire les difficiles avec le peu de choix s’offrant à nous. Nous mangerons ici le temps que l’orage passe.

Surprise de taille au Bergeries de Capannelle

GR20 du Col de Verde à CapanelleJ’enlève mes genouillères et oh – surprise. Mes genoux ont pris du volume et sont coiffés d’ecchymoses. Échouée dans l’herbe devant le gîte à pleurer de déception, j’attire les regards comme une bête de foire tandis que Francis court dénicher un sac de glace. J’avale d’autres cachets contre l’inflammation et je tente de retrouver mon calme pour écouter mon corps qui, visiblement, a quelque chose à me dire.

J’ai un souci avec mes genoux, fait commun à de nombreux sportifs. Rien de bien méchant selon les médecins et normalement contrôlable avec des anti-inflammatoires. Toutefois, la présente allure de mes jambes ne laisse entrevoir que peu d’espoir. La mort dans l’âme, j’annonce à l’équipe que je ne pourrai pas pousser jusqu’à Vizzavonna aujourd’hui. Nous réservons plutôt deux lits en dortoir à l’abri de sa majesté l’humidité – ma nouvelle ennemie –  et partageons notre dernier repas avec les copains, qui reprennent ensuite la route malgré les orages.

Je décide de ne plus bouger jusqu’à nouvel ordre dans l’espoir de voir disparaître l’inflammation. Je m’installe dans la salle à manger moderne et confortable du refuge de Capannelle tandis que Dame Nature se déchaîne une fois de plus sur la montagne. D’autres randonneurs se joignent à nous, trempés jusqu’aux os. Selon leurs dires, de gros grêlons tombent encore sur les sommets environnants. Certains découvrent avec effroi le contenu imbibé de leurs sacs à dos. Pas de chance, le bulletin météo indique des tempêtes quotidiennes et de la pluie pour la prochaine semaine. En d’autres mots, l’apocalypse et pas de sèche-linge.

Bien lovée dans ma chaise, je me laisse aller à la réflexion. Incapable de me résigner, j’échafaude mille et un plans pour déjouer l’inflammation : peut-être pourrais-je voir un médecin demain à Vizzavonna, ou alors me rendre à l’hôpital le plus proche et revenir sur le GR20 ensuite ? Mon histoire s’étant ébruitée, une randonneuse aussi pharmacienne me file ses remèdes, sans être trop enthousiaste à la vue de mes deux petits monstres bleus. Elle me recommande du repos. De mon côté, j’ai bon espoir qu’une soupe corse et une bonne nuit de sommeil me remettront rapidement sur pied.

J’ai un GR20 à terminer.

Lire la suite : Vizzavona.

5 commentaires sur «GR20 du Col de Verde à Capannelle»


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  2. […] Il est la suite de GR20 : du col de Verde à Capannelle. […]

  3. lise dit :

    Pas facile, c’était vraiment un signal d’alarme de ton pauvre corps mais dame nature n’était pas très coopérante non plus, vous avez tout de même fait une bonne partie du parcours, bravo à vous deux pour la prudence et les bonnes décisions en cours de route. On tient à vous avec tous vos morceaux. xx

  4. Emmanuel dit :

    Comment sont arrivées ces ecchymoses, c’est tout de même curieux.
    Après pas persuadé que les anti-inflammatoires aident à quelque chose: sur le coup oui, mais à terme, ça soigne rien..
    As tu déjà été voir un osthéopathe ?

    • Moi aussi j’étais surprise, mais ce n’est pas la première fois que ça arrivait. C’est toujours aléatoire ! J’avais déjà vu médecins, physiothérapeute et un super ostéopathe à Montréal… On m’avait alors parlé de l’arthrose du sportif et j’avais donc arrêté la course pour me mettre au yoga. Mais comme les anti-inflammatoires, ça ne soignent rien 🙁

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