Étape 1 : Conca à I Paliri
Ce billet décrit la première étape du GR20 dans le sens Sud – Nord, de Conca à I Paliri.
Il est la suite de GR20 : Rejoindre le départ et GR20 : Les prémices.
Les yeux encore collés en raison de ma très courte nuit, je dépose mon sac sur la balance du Gîte de la Tonnelle, pleine d’espoir. Mon tout premier objectif était de partir sur le GR20 avec un sac n’excédant pas 12 kilos en incluant mes 3 litres d’eau. Me connaissant, vous savez que c’est difficile. J’ai une garde-robe qui déborde, des petits pots de crème en quantité industrielle et un million de gadgets pour la photo et le plein-air. Mais hier, j’ai réussi à larguer les derniers trucs inutiles de mon sac à dos : une assiette (Francis en a une – on la partagera), et des lingettes nettoyantes (peu importe, je serai sale). Eh bien, vive le partage et la crasse, parce que mon géant vert ne fait même pas 12 kilos, incluant l’eau et le matériel photo !
La moins bonne nouvelle, c’est que la canicule s’abat déjà sur les montagnes et qu’il n’est que 5h30AM. Pas de temps à perdre, il faut mettre le turbo pour arriver au refuge I Paliri avant les chaleurs écrasantes de l’après-midi. Ça tombe bien, puisque selon le topo-guide, cette première journée devrait être l’une des plus faciles de tout le périple :
Étape 1 : Conca – I Paliri
Durée moyenne : 6h00
Distance : 12,64 km
Dénivelé positif : 1165 mètres
Dénivelé négatif : 336 mètres
Point le plus bas (Conca) : 222 mètres
Point le plus haut (Refuge I Paliri) : 1050 mètres
Départ du Gîte de la Tonnelle
Nous quittons le Gîte de la Tonnelle un peu avant les coups de 6h00 AM, avec de nombreux autres marcheurs sur les talons. Nous montons une trentaine de minutes sur une route asphaltée pour traverser le village de Conca avant d’arriver au fameux point de départ du GR20, la fontaine de Radicale. On se laisse aller à une petite seconde d’émotions et de photos autour de l’affiche avant de poursuivre notre chemin.
S’ensuit alors une première montée en sentier pour enjamber la brèche de Bocca d’Usciolu à 556 mètres d’altitude. Nous y prenons une première pause pour enduire notre corps ruisselant de sueur de crème solaire, et tant pis pour l’efficacité. Nous reprenons la marche, déjà bien dégueulasses.
Nous arrivons enfin au ruisseau de Punta Pinzuta, signe que nous avons parcouru près de la moitié du chemin prévu aujourd’hui. Moment heureux que je décide de célébrer en posant mon géant vert un petit 5 minutes pour être libre de me tremper le bout des orteils dans l’eau cristalline. Quand tous les randonneurs devancés ce matin arrivent au ruisseau, nous reprenons la marche. Nous ne sommes qu’à 550 mètres d’altitude et nous devons grimper jusqu’à 1050 mètres pour atteindre le refuge I Paliri en pleine canicule. C’est le cas de le dire, pas le temps de niaiser.
Après une montée plus raide, nous atteignons les ruines des bergeries de Capeddu. Nous sommes à 852m mètres d’altitude et le compteur indique 7,28 km parcouru. Le topo-guide mentionne une source, tout comme l’affiche suspendue à un arbre, mais impossible de trouver le point d’eau potable. Avec cette chaleur, nous buvons comme des trous et serons bientôt à sec. Francis décide donc de puiser dans un ruisseau en contrebas et de traiter l’eau pour plus de sécurité. [Non, nous n’avons pas été malades]
Bien que le terrain ne présente aucune difficulté technique et devienne même ennuyant dans les secteurs boisés, la chaleur accablante sape mon rythme. Nous remontons jusqu’à Bocca di U Sordu à 1014 mètres d’altitude, puis redescendons jusqu’à Bocca Di Monte Bracciutu. J’enrage, sachant que tout ce qui descend devra être remonté, avant d’entamer la dernière montée de la journée jusqu’à I Paliri. Et dire que ce matin, nous avions mentionné la possibilité de pousser un peu plus loin jusqu’à Bavella… Avec une chaleur pareille et les vestiges de crème solaire qui me coulent dans les yeux, au diable Bavella, je te serrerai la pince demain!
Refuge I Paliri
Après les 6 heures de marche annoncées et quelques pauses bien méritées, nous arrivons enfin à I Paliri. Il est encore tôt et le refuge est pratiquement désert, à l’exception de quelques coureurs qui doubleront les premières étapes en poursuivant leur chemin cet après-midi. Après avoir piqué la tente, nous allons nous annoncer à l’assistant du gardien. Affamés, nous lui achetons un pâté et du pain avant de nous affaler dans un coin ombragé de la terrasse. À tour de rôle, nous nous risquons à la douche, dont le maigre filet d’eau glacée n’arrive qu’à la hauteur des mollets. Déjà que mes cuisses me font souffrir, je vais devoir en plus prendre une «douche» en squattant. Au moins, mes pieds seront propres et l’expérience aura provoqué des fous rires et des cris stridents qui résonnèrent probablement jusqu’à Conca.
C’est donc partiellement propres que nous nous attablons aux côtés des autres randonneurs à 18h30 pour un excellent repas : de la charcuterie et des pâtes veau et olives à volonté. Mon moment préféré du GR20. Pas pour la bouffe, parce que contrairement à ce premier repas, ce ne sera pas toujours fameux, mais plutôt pour les discussions intéressantes avec des gens qui, comme nous, sont passionnés de randonnées et de plein-air. Nous faisons ainsi la connaissance de Philippe et Thierry, deux joyeux lurons distribuant gaiement de l’alcool faite maison pour ne pas avoir à la transporter le lendemain, qu’ils disent. Francis et son grand coeur leur filent un coup de main.
Pour couronner la soirée, le gardien, qui a décelé nos origines depuis nos premiers balbutiements, me demande de faire office de traductrice auprès de randonneurs de l’Allemagne et de la Lettonie. Que ça fait du bien, pour une fois, d’être celle qui comprend tout ! Il nous aime bien, le gardien (c’est réciproque), et il prend le temps de nous aviser de la météo du lendemain : des orages violents sont prévus en après-midi, il faut donc partir très tôt pour les éviter. Parfait, nous achetons de quoi manger pour demain et nous réglons la note. Le départ est fixé à 5h00 AM.
Avant de tomber dans les bras de Morphée, nous immortalisons ce coucher de soleil sur Punta di Ferriate depuis notre tente. Le gros luxe, quoi !
Pour lire la suite, c’est par ici : GR20 de Paliri à Asinau !
***
Pour les sceptiques, voici la preuve que mon sac ne pesait pas 12 kilos :
-
[…] Ce billet décrit la deuxième étape du GR20 dans le sens Sud – Nord entre I Paliri et Asinau. Il est la suite de GR20 : De Conca à I Paliri. […]
-
[…] lire la suite, c’est par ici : GR20 de Conca à I Paliri […]
-
Je (re) découvre ton blog. Tes photos sont superbes, nettes et hyper constrastées (ça me donne envie de savoir quel appareil tu utilises ! Après lecture, j’ai vraiment envie de partir en expédition sur le GR20… J’envisage difficilement d’aller en Corse sans en faire un tronçon. A bientôt 🙂
-
[…] Le 5 juin 2015, nous nous engageons sur le sentier du GR20 en direction du Nord depuis le petit village de Conca. Ce billet décrit la deuxième étape entre les refuges I Paliri et Asinau via la variante alpine des Aiguilles de Bavella. Il est la suite de GR20 : De Conca à I Paliri. […]
-
Toujours un plaisir de te lire, les photos sont à couper le souffle…Jessica tout mon respect pour ton 12kg…les corses aiment bien les québécois, les liens se font rapidement entre nous…hâte de lire la suite.
-
Bonjour vous deux! quel magnifique voyage vous nous faites partager et à peu de frais pour nous! avec tes commentaires et tes superbes photos, je me croirais sur place! au plaisir de vous relire encore et encore!
Michèle xx
9 commentaires sur «GR20 de Conca à I Paliri»