Quand on me demande aujourd’hui d’où vient ma soif d’aventure, je réponds qu’elle a grandi au rythme des rencontres que j’ai faites avec des aventuriers qui, comme Ben, m’ont inspiré à repousser mes limites.

J’ai rencontré Ben il y a 13 ans en Espagne. À l’époque, nous voyagions tous deux en Europe avec des copains, allant d’une auberge de jeunesse à une autre. Déjà, Ben m’inspirait : il était né au Japon, avait grandi en Australie et avait parcouru pratiquement toute l’Europe en solo. Une décennie et des poussières plus tard, et nous voilà toujours en contact grâce aux médias sociaux et à une passion commune : le plein air. Ben a fait des grands espaces son bureau de travail, en devenant guide de cyclotourisme et designer d’expédition. Alors qu’il revenait tout juste d’une aventure en packrafting au-delà du cercle polaire en Alaska, il a accepté de répondre à quelques questions.

Getting seriously sideways! #kimberley #westernaustralia

Une publication partagée par Ben Weigl (@ben_explores) le

Entretien avec Ben Weigl, guide de cyclotourisme et mordu de packrafting

JT Ben, quand je regarde ton fil Instagram, j’ai l’impression que tu ne tiens pas en place. Depuis combien de temps es-tu sur la route ?

Cette fois-ci, je voyagerai pendant environ 6 mois avant de rentrer au bercail. J’en suis à peu près à la moitié. Après l’expédition de packrafting en l’Alaska, j’enchaine directement avec un voyage de cyclotourisme d’un mois entre Barcelone et Rome. Je guiderai un groupe sur les traces du Général Hannibal, qui a traversé les Alpes à vélo il y a de cela 2200 ans.

Mais en tout et pour tout, je suis nomade par intermittence depuis environ 10 ans. J’ai plus ou moins accroché mon sac à dos à Melbourne pendant 4 ans, mais les longs voyages me manquaient.

JT Quelle a été ta première aventure?

Tout a commencé alors que j’étais ado avec des weekends de « bushwalking » entre amis en Australie. Puis, quand on a eu nos permis de conduire, on a pu avaler les kilomètres et découvrir de nouveaux endroits. Plus loin on était de la maison, plus le sentiment de liberté était présent… Normal, on pouvait enfin jouer aux adultes et boire de la bière sans risquer de se faire prendre!

Inspiré par mon frère qui avait fait un échange étudiant en Europe, je suis ensuite parti pour l’Allemagne à l’âge de 16 ans. C’était mon premier long voyage loin de la maison, et j’en ai profité pour découvrir l’Europe. C’est à ce moment-là, je pense, que ma curiosité a été piquée et que j’ai pris goût aux voyages. Une fois que j’ai commencé, je n’ai pas pu m’arrêter. Je voulais toujours en découvrir davantage, partir plus loin et pour une plus longue période.

JT Comment décrirais-tu ton style de voyage?

J’ai deux styles de voyage. D’abord, je gagne ma vie en guidant des voyages de cyclotourisme. J’ai commencé en tant que guide de vélo de montagne dans l’outback australien. Puis je suis passé au vélo de route, et maintenant je guide des voyages de vélo à travers le monde, comme celui que je m’apprête à faire de Barcelone à Rome. Ce type de voyage est selon moi une bonne façon de découvrir un pays en profondeur, puisque le vélo nous permet d’être en contact direct avec l’environnement et la culture tout en nous permettant de sortir plus facilement des sentiers battus.

Sinon, dans ma vie personnelle, je suis plutôt attiré par les voyages de plein air. C’est assez bizarre, parce qu’en fait, quand j’étais plus jeune, j’adorais aller de ville en ville sur un petit budget, en me laissant porter par les rencontres. Aujourd’hui, je préfère me tenir loin des villes et des foules. J’aime bien pratiquer des sports de plein air dans des endroits bien sauvages, et partager ces moments avec des personnes qui ont les mêmes passions que moi.

JT Tu reviens tout juste d’une expédition de packrafting en autonomie totale sur les rivières Noatak et Alatna dans le très reculé parc national Gates of the Arctic en Alaska. Qu’est-ce qui t’a le plus surpris?

J’ai été étonné par la coexistence pacifique entre les humains et les animaux sauvages. En Australie, on a pas mal d’animaux dangereux et les gens ont généralement peur d’eux. En Alaska, j’ai eu l’impression que les comportements des ours et des orignaux étaient mieux compris et peut-être davantage respectés par la population et que celle-ci arrivait donc à cohabiter plutôt paisiblement avec eux.

JT L’Alaska est reconnu pour ses conditions difficiles. Avez-vous rencontré des défis pendant l’expédition? Comment les avez-vous surmontés?

Oui, on peut dire que nous avons eu notre lot de défis pendant cette expédition. Notre coéquipière s’est retrouvée avec une grave infection de peau qui lui a causé un trou à la main à la suite d’une chute assez banale. Malgré les antibiotiques, la fièvre ne cessait de monter et son état se détériorait rapidement, jusqu’au point où elle ne pouvait tout simplement plus bouger sa main. Nous espérions pouvoir continuer, mais avons dû nous rendre à l’évidence : la situation pouvait s’aggraver dangereusement. Nous avons donc appelé les secours, et avons été évacués 5 jours avant la fin prévue de l’expédition. (NDLR Retrouvez ici le récit complet par la principale intéressée, Dulkara Martig).

Notre autre plus grand défi a été la température. Nous avions au total 5 cols à traverser pour rejoindre les rivières, le tout avec beaucoup d’équipement sur le dos. L’un d’entre eux, appelé le Col de la Déception, nous a confirmé qu’il porte bien son nom. Déjà, le matin lors de la montée, le temps était pluvieux et froid et la pluie se changeait en neige à mesure où l’on gagnait en altitude. Le sommet, où soufflait un vent glacial, était couvert de neige. Nous avons vite réalisé que la voie pour redescendre, de l’autre côté du col, était impossible à emprunter dans de telles conditions sans que nous mettions sérieusement nos vies en danger. Déception.

Nous avons donc dû revenir sur nos pas et revoir les plans. Après avoir piqué les tentes un peu plus bas, nous avons attendu une fenêtre météo pendant deux jours avant de pouvoir enfin traverser. Malgré l’attente, nous étions bien heureux du choix que nous avions fait parce que même avec le beau temps, le terrain de l’autre côté du col était assez risqué et s’apparentait plus à du bouldering qu’à de la randonnée – et imaginez avec des bateaux gonflables sur le dos!

JT On peut dire que tu en as vu de toutes les couleurs depuis tes premières randonnées dans le bush australien. T’est-il déjà arrivé de penser quitter une aventure avant la fin parce que tu n’en pouvais plus ?

Je n’ai jamais eu envie de quitter une expédition pour rentrer à la maison, aussi difficile fût-elle. Je suis convaincu que c’est parce que j’aime ce que je fais plus que tout. Peu importe les difficultés, avant de même penser à abandonner, je change mes plans et j’adapte mon itinéraire pour pouvoir continuer. Ceci étant dit, je ne vous cacherai pas qu’à la fin de certains voyages, il m’arrive d’être très heureux de retourner à la maison.

JT En terminant, des conseils pour les apprentis aventuriers qui hésitent encore à se lancer?

Le plus difficile, c’est de passer la porte et de partir. À chaque fois, on finit par se poser trop de questions et à douter de nos plans. Moi je vous dis : n’ayez pas peur, allez-y! Commencez par de petites aventures, voire des microaventures de 24 heures. Quittez le confort de la routine et profitez de ce que la nature a à offrir. Si vous êtes comme moi, vous ne le regretterez pas. Et vous ne pourrez plus vous arrêter.

Vous en voulez plus ? Rejoignez Ben sur Instagram et Facebook !

1 commentaire sur «Portrait d’aventurier : Ben Weigl, entre routes, rivières et montagnes»


  1. Lise Morin dit :

    wow quel beau portrait d’un être qui carbure à l’aventure, merci pour cette lecture intéressante. Il est toujours passionnant de découvrir la passion des autres en particulier lorsqu’elle est différente de la nôtre.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.